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~Antre de Riku-san~

Samedi 24 avril 2010 à 19:21

Titre : Que les gens aillent se faire foutre
Date de création : 21 août 2009
Genre : Psychologiquement triste

Je ne sais pas comment faire comprendre aux gens qu'il vaut mieux m'éviter, en certaines occasions. J'ai beau le leur répéter, ils le prennent mal et continus à me poser des questions existentielles totalement incohérentes. Ensuite, on se plains de moi, on m'en veux, on renie mon existence, on me fui et on ne cherche même pas à me comprendre.

Que les gens aillent se faire foutre.

Pourquoi devrais-je m'inquiéter pour des personnes sans importance ? Des personnes qui ne méritent même pas mon regard ? Je suis cruel, oui, et fier de l'être. Je suis comme ça. Et vous savez pourquoi ? PARCE QUE ! Il n'y a aucune raison valable. Je pourrais vous dire que c'est parce que je suis né comme ça. Je pourrais vous dire que mon ex m'a rendu comme ça. Ou alors que c'est simplement mon entourage qui m'a rendu comme ça. Je pourrais en sortir, des excuses. Seulement, aucune de convient parfaitement. J'ai grandi dans le silence, dans l'ombre. J'ai observé longtemps et longuement ce qui m'a toujours entouré. Je n'y ai vu que du mauvais et ça m'a suffit pour renier ma propre existence.
Parce que moi, je ne suis pas aussi stupide.

Que les gens aillent se faire foutre.

Trèves de bavardages inutiles. Je me lève de mon lit, balance le drap sur le côté. J'ai très mal dormi, ça se voit. J'ai le regard vide, indifférent, qui me fixe à travers le miroir. Que suis-je en train de devenir ? Je repense une nouvelle fois à mon passé, à ces quelques souvenirs où je riais avec les autres sans me poser de questions. Avec tout ça, j'ai finalement compris qu'il était très facile de s'en prendre psychologiquement à quelqu'un. On commence par mentir, comme tout enfant normalement constitué. A force de mensonges, on en rajoute une couche. Les gens deviennent gentils, aimants... si faibles ! En réalité, je les déteste. Tous. Parce que personne n'est à mon image. Et puisque je ne peux pas créer le Monde, je détruis celui qui ne me correspond pas.
Là, front contre la vitre froide de ma fenêtre, j'observe impassiblement les voitures qui défilent sur la route principale. Je repense à tout ça, je continus de réfléchir à ma vie –à ma mort. Je n'ai du respect pour personne. Pourtant, je ne suis pas aussi cruel que je pourrais le dire. Sinon j'aurai déjà brandi mon couteau contre quelqu'un d'autre que moi-même.
Ma mère m'appelle, en bas. Je ne suis pas descendu de la matinée et c'est déjà l'heure du déjeuner. Je déteste ces repas avec cette conne, son abruti de mari et mon soi-disant grand-frère. Mon père est mort il y a bien des années, c'est peut-être une part de raison pour laquelle je suis devenu ce que je suis. Je tape légèrement la vitre de mon poing puis descend au rez-de-chaussée. Toutes les fenêtres sont ouvertes, laissant rentrer un gros vent qui m'ébouriffe encore plus les cheveux. Le regard de mon demi frère se pose sur moi –c'est le seul à encore oser le faire. Qu'est-ce qu'il veut avec son air tout autant indifférent que le mien ? On n'a jamais parlé ensemble et, pourtant, ça fait presque deux ans que ces deux cons vivent avec ma mère et moi. Je l'ignore, m'installe à ma place habituelle. Aussitôt, ma mère déclare :
« Change de place avec Armand. »
Et en quel honneur ? Ca a toujours été ma place depuis que papa est mort. Elle ne me regarde toujours pas, évite mes yeux. Je me relève, laisse cet intrus prendre ma place. Jamais. Jamais il ne prendra la place de mon père ! Mon poing se serre, mon regard se voile de haine ; je sens au plus profond de mes entrailles que je vais gerber ma rancœur –et surtout tout l'alcool que j'ai ingurgité chez Fred hier soir. Laurent se lève brusquement, me faisant relâcher la pression sous le coup de la surprise. Ses yeux verts me fixent, me jaugent, tentent de lire en moi. Je serre les dents, émet un son grave et tourne le dos à toute la table pour m'enfuir dans la fierté –droit, tête haute, marche lente.

Que les gens aillent se faire foutre.

Encore une fois, je n'ai pas pu crier haut et fort mon désarroi. Je me sens minable, seul, totalement con. Depuis le début, je fais mon irrésistible égoïsme, essayant de chasser ces parfaits Insectes de ma vie, mais ça ne sert à rien. Pire encore ! Laurent vient de m'affronter silencieusement. J'ouvre la porte de ma chambre, la claque d'un coup sec du pied, approche de la fenêtre. Les voitures circulent toujours aussi vite, pressés de rejoindre leur domicile. Pas un seul ne roule à la bonne limitation de vitesse. J'aimerai pouvoir crever leurs roues, les voir crever lentement dans les flammes de leur moteur... C'est à cause d'eux que j'ai perdu mon père !
Mes oreilles bourdonnent, ma tête tambourine. Je me sens vraiment mal. Serait-ce l'alcool de la veille ? Ou la pression du moment ? Je lève mes mains, observe mes paumes si blanches, fronce les sourcils et pense à nouveau. De quoi est donc fait ce monde pour qu'on y attache tant d'importance ? Pourquoi certaines personnes se battent encore au détriment de l'humanité ? J'ai sacrément envie d'apporter une réponse à ces questions qui m'ont paru bien connes jusqu'à aujourd'hui.
Je tourne mon regard vers ma table de nuit. Mon couteau de chasse est là, utilisé il y a à peine deux jours pour me tailler la peau du bras gauche. J'en porte des cicatrices. Et pas mal de personnes m'en ont tenu rigueur. Je leur ai tout de suite dit d'aller se faire foutre. Ils me jugent, m'insultent... puis prennent une paire de ciseaux et font pareils. N'importe quoi.

Que les gens aillent se faire foutre.

Je choppe ma lame, l'observe avec application. Si quelqu'un me verrait en cet instant, il se demanderait si je n'aurai pas volé les yeux d'un aigle. Mon reflet dans le miroir me montre quelqu'un de totalement différent de moi –quelqu'un de sombre, de muet, de réellement atteint mentalement. Je devrais voir un psy'... Cette idée ressort très vite de ma tête. Un psy' ? Est-ce que j'ai une tête à aller voir un psy' ? Je vais me faire interner, c'est tout !
Je repose mon regard sur le couteau que je tiens. La première chose que je fais, c'est de passer le bout de ma langue sur la lame ; d'une part pour lécher mon propre sang séché, d'autre part pour la lubrifier un peu et lui permettre de couper avec plus de facilité. Hop, je la dirige enfin vers mon bras gauche, recommence mon manège à décorer ma peau de traits ouverts où le sang s'écoulait lentement. La douleur et la sensation du liquide qui coule me calment aussitôt. Ca fait du bien ! Un bien fou et inimaginable. Même mon ex, quand il m'a baisé trop fort à m'en déchirer le cul ne m'a pas fait autant d'effet.
Finalement, je termine par une longue et belle balafre tout le long de mon poignet. Profonde, très profonde. Je lâche le couteau, laisse le dos de mes mains se poser sur mon matelas alors que je m'assois et observe le ciel bleu de ma fenêtre. Mon regard se vide, je laisse mes lèvres entrouvertes. Derrière moi, la porte s'ouvre. Je sens une présence dans ma chambre... mais j'ai perdu la force de me tourner. Merde, je crois que j'ai coupé trop profond là...
Laurent se met devant moi. Ses yeux paraissent surpris par le spectacle. Et, aussitôt, il s'agenouille devant moi et observe les dégâts en prenant mon bras meurtris entre ses mains qui me semblent douces et tendres. Je le fixe sans trop comprendre ce qui m'arrive. Il prononce des mots incompréhensibles, me jette des coups d'œil alarmés. Je le vois arracher une bonne partie de mon drap sale, tamponner le tissu sur mes blessures.
Finalement, je sombre dans l'inconscience...

Que les gens aillent se faire foutre, c'est la dernière chose dont j'ai pu penser.

Samedi 24 avril 2010 à 19:27

Titre : Putain
Date de création : 17 octobre 2008
Genre : Gore - Interdit aux âmes sensibles

Putain.
Putain.
Putain.
Putain.

Ce mot, papa l'avait dit maintes et maintes fois en Te frappant. J'avais l'interdiction de quitter ma chambre jusqu'à ce qu'il vienne me chercher. Pourtant, je l'entendais. Et je T'entendais aussi. Tu hurlais au Diable d'arrêter ce carnage. Tu hurlais en maudissant mon géniteur jusqu'à ses ancêtres. Ta voix était aigue, forcée et complètement déraillée. Même une craie glissant contre un tableau ne m'aurait pas donné autant de frissons dans le dos. Je ne comprenais pas ce qui se passait. Et à chaque fois que je Te posais la question, Tu me giflais avec hargne et détermination.
Un coup de couteau.
Deux coups de couteau.
Trois coups de couteau.

Cette nuit, je ne T'entends pas crier. Ce n'est pas normal, n'est-ce pas ? Maman, où es-tu ? Je suis sorti sur la pointe des pieds, les sens aux aguets. Dans le salon, la télévision envoyait des sons et des images incompréhensibles pour mon âge. Et c'était le dernier de mes soucis. Tu Te souviens ? Dès que je collais mon nez à l'écran, Tu m'écartais en me criant dessus. T'as jamais aimé que je sois trop proche de cette quincaillerie. L'antenne penchait d'ailleurs dangereusement depuis que Tu l'avais déplacé. Le son grésillait mais je ne m'en occupais pas.
Je marche.
Je marche.
Je marche.
Et je glisse. Quelque chose de chaud et de visqueux m'a fait tombé. Dans la nuit, je n'ai rien vu de plus que du liquide noirâtre. Je me suis mordu la lèvre en m'apercevant que j'avais déjà eu ce liquide sur moi, le jour où je suis tombé de la balançoire. D'ailleurs, Tu m'avais bien engueulé ce jour-là. La trace de la fessée s'était effacée au bout d'une semaine.
Je me relève.
Je me remets à marcher dans le noir, à tâtons. Pour une fois, je bénissais les murs. Habituellement, je me les prenais tout le temps parce que je courais comme un fou dans la maison. Là aussi, Tu m'engueulais souvent. Et Tu essayais de me rattraper, vainement. Ma petite main maigrichonne attrape la poignée de la porte entrouverte et j'entre dans la cuisine. La haute silhouette de papa est visible près de l'évier. Je tourne un peu la tête pour Te découvrir, allongée par terre. Que T'est-il arrivé ? Qu'est-ce qu'il T'a fait ? J'interroge papa du regard mais il est trop occupé à laver un couteau sous l'eau fumante. Mes pieds sont tachés de ce liquide pourpre qu'on appelle Sang. Est-ce grave ? Je m'agenouille et Te secoue avec force pour tenter de Te réveiller. Seulement, Tu n'ouvres pas les yeux. Et moi, je me mets à chialer, comme un Con. Papa disait souvent que je n'étais qu'un pleurnichard. Tu essayais de prendre ma défense et il Te frappait devant moi.
Je me redresse.
Je titube.
Je regarde papa.
Il a un air amusé sur le visage. Un sourire étirait ses lèvres charnues. Il me fait peur. Son regard étincelle. Quelque chose ne tourne pas rond. J'ai peur. Il s'approche, je recule. Je suis bien trop petit pour faire autre chose. La lame du couteau dans sa main brille à la lueur de la pleine lune. Peut-être ai-je trop regardé de films d'horreur interdits aux moins de douze ans.
La douleur me déchire la poitrine. Un truc froid s'est enfoncé dans ma chair à vif. Je sens un liquide couler le long de mon ventre. Tu m'engueuleras pour avoir tâché mon pyjama. Papa est méchant. Il retire si rapidement le couteau et le rentre encore une fois en moi que je n'ai pas le temps de dégager. Mes jambes s'agitent, s'affolent, et je tombe dans Ton sang. Et alors que je me mets à pleurer bruyamment en criant que ça faisait mal, papa me retire mon pantalon. L'odeur du sang monte à mes narines et me donne la nausée. J'ai soudainement envie de vomir. Maman, réveille Toi. Aide moi. Protège moi. Papa rapproche dangereusement le couteau de mon pubis et je cris. Je cris tellement que je n'entend pas les reproches qu'il me fait. J'ai mal. Ma chair est écorchée, mon sang gicle alors que je perds le symbole de ma masculinité.
Il le coupe.
Comme un morceau de saucisson.
Il l'arrache.
Je hurle à en avoir mal à la gorge.
Je vois son visage à travers mes larmes. Il sourit encore. Ses rides encerclaient ses yeux avec lassitude, tel des rivières de vide voguant à travers le temps – on ne les arrête pas. Mes bras tremblent mais j'en lève un pour toucher de mes doigts ces gouffres de vieillesse. Papa a un mouvement de recul. Et je renifle encore. Le couteau s'enfonce dans ma poitrine, là où mon cœur battait à tout rompre. Je ne sens déjà plus rien. La douleur est trop forte pour que j'y tienne encore compte.
Je suis en train de crever.
Putain.
Putain.
Putain.

Neuf ans, rien dans la cervelle, et je crève.
Putain.

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