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~Antre de Riku-san~

Samedi 24 avril 2010 à 19:27

Titre : Putain
Date de création : 17 octobre 2008
Genre : Gore - Interdit aux âmes sensibles

Putain.
Putain.
Putain.
Putain.

Ce mot, papa l'avait dit maintes et maintes fois en Te frappant. J'avais l'interdiction de quitter ma chambre jusqu'à ce qu'il vienne me chercher. Pourtant, je l'entendais. Et je T'entendais aussi. Tu hurlais au Diable d'arrêter ce carnage. Tu hurlais en maudissant mon géniteur jusqu'à ses ancêtres. Ta voix était aigue, forcée et complètement déraillée. Même une craie glissant contre un tableau ne m'aurait pas donné autant de frissons dans le dos. Je ne comprenais pas ce qui se passait. Et à chaque fois que je Te posais la question, Tu me giflais avec hargne et détermination.
Un coup de couteau.
Deux coups de couteau.
Trois coups de couteau.

Cette nuit, je ne T'entends pas crier. Ce n'est pas normal, n'est-ce pas ? Maman, où es-tu ? Je suis sorti sur la pointe des pieds, les sens aux aguets. Dans le salon, la télévision envoyait des sons et des images incompréhensibles pour mon âge. Et c'était le dernier de mes soucis. Tu Te souviens ? Dès que je collais mon nez à l'écran, Tu m'écartais en me criant dessus. T'as jamais aimé que je sois trop proche de cette quincaillerie. L'antenne penchait d'ailleurs dangereusement depuis que Tu l'avais déplacé. Le son grésillait mais je ne m'en occupais pas.
Je marche.
Je marche.
Je marche.
Et je glisse. Quelque chose de chaud et de visqueux m'a fait tombé. Dans la nuit, je n'ai rien vu de plus que du liquide noirâtre. Je me suis mordu la lèvre en m'apercevant que j'avais déjà eu ce liquide sur moi, le jour où je suis tombé de la balançoire. D'ailleurs, Tu m'avais bien engueulé ce jour-là. La trace de la fessée s'était effacée au bout d'une semaine.
Je me relève.
Je me remets à marcher dans le noir, à tâtons. Pour une fois, je bénissais les murs. Habituellement, je me les prenais tout le temps parce que je courais comme un fou dans la maison. Là aussi, Tu m'engueulais souvent. Et Tu essayais de me rattraper, vainement. Ma petite main maigrichonne attrape la poignée de la porte entrouverte et j'entre dans la cuisine. La haute silhouette de papa est visible près de l'évier. Je tourne un peu la tête pour Te découvrir, allongée par terre. Que T'est-il arrivé ? Qu'est-ce qu'il T'a fait ? J'interroge papa du regard mais il est trop occupé à laver un couteau sous l'eau fumante. Mes pieds sont tachés de ce liquide pourpre qu'on appelle Sang. Est-ce grave ? Je m'agenouille et Te secoue avec force pour tenter de Te réveiller. Seulement, Tu n'ouvres pas les yeux. Et moi, je me mets à chialer, comme un Con. Papa disait souvent que je n'étais qu'un pleurnichard. Tu essayais de prendre ma défense et il Te frappait devant moi.
Je me redresse.
Je titube.
Je regarde papa.
Il a un air amusé sur le visage. Un sourire étirait ses lèvres charnues. Il me fait peur. Son regard étincelle. Quelque chose ne tourne pas rond. J'ai peur. Il s'approche, je recule. Je suis bien trop petit pour faire autre chose. La lame du couteau dans sa main brille à la lueur de la pleine lune. Peut-être ai-je trop regardé de films d'horreur interdits aux moins de douze ans.
La douleur me déchire la poitrine. Un truc froid s'est enfoncé dans ma chair à vif. Je sens un liquide couler le long de mon ventre. Tu m'engueuleras pour avoir tâché mon pyjama. Papa est méchant. Il retire si rapidement le couteau et le rentre encore une fois en moi que je n'ai pas le temps de dégager. Mes jambes s'agitent, s'affolent, et je tombe dans Ton sang. Et alors que je me mets à pleurer bruyamment en criant que ça faisait mal, papa me retire mon pantalon. L'odeur du sang monte à mes narines et me donne la nausée. J'ai soudainement envie de vomir. Maman, réveille Toi. Aide moi. Protège moi. Papa rapproche dangereusement le couteau de mon pubis et je cris. Je cris tellement que je n'entend pas les reproches qu'il me fait. J'ai mal. Ma chair est écorchée, mon sang gicle alors que je perds le symbole de ma masculinité.
Il le coupe.
Comme un morceau de saucisson.
Il l'arrache.
Je hurle à en avoir mal à la gorge.
Je vois son visage à travers mes larmes. Il sourit encore. Ses rides encerclaient ses yeux avec lassitude, tel des rivières de vide voguant à travers le temps – on ne les arrête pas. Mes bras tremblent mais j'en lève un pour toucher de mes doigts ces gouffres de vieillesse. Papa a un mouvement de recul. Et je renifle encore. Le couteau s'enfonce dans ma poitrine, là où mon cœur battait à tout rompre. Je ne sens déjà plus rien. La douleur est trop forte pour que j'y tienne encore compte.
Je suis en train de crever.
Putain.
Putain.
Putain.

Neuf ans, rien dans la cervelle, et je crève.
Putain.

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