Titre : Le récit du chat
Date de création : 16 janvier 2008
Genre : Point de vue animal
Note : J'avais commencé ce texte en l'honneur de Kyo, mon chaton mort après avoir été percuté par une voiture. J'ai imaginé sa vie d'avant, avant qu'il ne soit avec nous. Je n'ai jamais continué ce récit mais, sur un forum, il a été jugé "percutant". Alors je le livre ici.
Le froid. Je ne sens que le froid dans ma petite fourrure mouillée. Où suis-je ? Qui suis-je ? Je sens enfin quelque chose de chaud sur ma tête. C'est râpeux. Qu'est-ce ? Je ne peux ouvrir les yeux mais émet un léger grognement de satisfaction. Je tente de bouger mes pattes mais elles sont toutes engourdies. Puis je sens un corps chaud contre le mien. Serait-ce Maman ? Oui, sûrement. Je me sens bien là, protégé et au chaud. Je m'endors...
_____________
De la lumière. Il y a de la lumière qui me fait mal à travers mes paupières. J'ouvre doucement les yeux et les accommode au matin. Le sol est tout proche de mon menton, un ronronnement me fait dresser les oreilles juste à côté de moi. On se frotte contre moi. Je tourne la tête vers mon frère, qui est là, somnolant encore au côté de notre sœur. Cela faisait quelques mois que nous étions nés et Maman jouait souvent avec nous. Mais elle désertait très tôt le matin pour nous chercher à manger... C'est ce que je n'aimais pas. A chaque fois, je sentais le danger peser sur nous et je ne saurais protéger mon frère et ma sœur si un chien ou un énorme chat venait à trouver notre cachette dans les cartons.
Je miaule doucement, réveillant ainsi ma petite famille. Les deux dressèrent les oreilles et moi, de même, observait vers le bout de la ruelle. Là-bas, dans la petite ville, des humains marchaient. Certains étaient pressés à l'approche de Noël. Il faisait froid... Beaucoup de personnes avaient des paquets cadeau déjà dans les mains et ne savaient plus comment regarder devant eux. J'étire doucement mes pattes avant, vint en lécher un de ma langue râpeuse, la même que Maman, et je me lève. Encore un regard vers le bout de la ruelle et je donne un petit coup de museau dans le ventre de mon frère. J'espère qu'il ne va pas se précipiter vers les humains... Il a l'art de se retrouver dans des situations plutôt périlleuses mais c'est toujours Maman qui le sauve au bon moment. Elle nous a toujours fait comprendre que les hommes nous détestait parce qu'on était sauvage.
Ma sœur se réveille à son tour et nous nous assîmes sur la petite couverture improvisée faite avec un pull délavé et troué en laine. Notre regard baladait la ruelle.
Maman, où es-tu ?...
Une ombre se dessine à l'autre bout, là où notre refuge terminait en cul de sac. Nous nous mîmes à miauler, espérant que ce soit notre mère qui revenait avec une ou deux souris à nous mettre sous la dent. Nous étions encore trop petits pour partir à la chasse.
Mais l'ombre qui s'approchait était bien plus grosse que la stature de Maman et mon instinct me prévint qu'il y avait sûrement un danger. C'est pourquoi je me reculais dans la boîte en carton faisant notre logis et tira sur la queue de mon frère pour qu'il dise aussi à ma sœur de rentrer. Plus loin, un long miaulement sinistre nous firent dresser les oreilles, puis les baisser de peur. Sûrement l'un de ces grands mâles qui faisaient la loi, comme Maman nous l'avait appris. Et ils étaient dangereux avec les petits chatons comme nous, les prenant pour de simples repas.
Alors qu'on pensait vraiment mourir pour notre si jeune âge, un éclair noir et blanc passa juste devant nos yeux et le grognement de Maman se fit entendre. Le matou qui était venu troubler notre solitude se mit à miauler de mécontentement avant de se faire rapidement virer par la maîtresse des lieux. Lorsque nous fument seuls avec notre mère, nous nous élançâmes vers elle pour miauler de joie.
Tu nous as manqué Maman.
Un peu plus loin, elle avait lâché les deux petites souris qu'elle avait capturées pour nous et elle les ramena gentiment dans le carton pour qu'on puisse manger à notre faim.
_____________
Quelques jours après cet épisode, un nouveau matin de décembre, alors que tous les humains s'étaient enfermés pour fêter Noël, Maman était encore partie à la chasse. Mon frère, le premier réveillé cette fois, miaula avant de s'élancer vers la grande place où, habituellement, les hommes se bousculaient pour acheter de quoi manger. Grognant contre son inconscience, je réveillais d'abord ma sœur avant de m'élancer à mon tour, regardant bien si elle me suivait. Nous fument alors trois chatons noir et blanc à vagabonder sur cette grande place de pavés que nous voyons pour la première fois depuis notre existence. Maman nous avait plusieurs fois interdit d'y aller. Mais mon frère n'en faisait toujours qu'à sa tête par moment... Donc, trois petits chatons affamés attendant leur mère, nous marchions à la conquête de n'importe quoi qui pourrait nous intéresser. Nos jeux pouvaient tourner parfois au vinaigre, c'était pour dire. Espérons simplement que, comme d'habitude, notre mère nous sauverait à temps. Nous comptions toujours sur elle.
Mes oreilles repèrent un bruit suspect non loin. Je lève les yeux vers une fenêtre. De l'autre côté de la vitre, un chat blanc avec un collier nous fixait, grattant sur le verre en miaulant doucement. Une femelle, oui. Je miaule à mon tour avant de voir qu'un humain l'avait alors doucement prise dans ses bras pour la retirer du rebord de fenêtre et l'emmener avec lui. Me retrouvant surpris par tant de douceur, je ne remarque pas tout de suite le miaulement désespéré de mon frère. Finalement, je tourne la tête vers lui et vit qu'il s'était coincé la patte dans un caniveau. Comment le sortir de là ?...
Maman, tu as toujours été là...
Le miaulement de mon frère devenait de plus en plus angoissant. Il avait vraiment mal. Je me suis précipité vers lui pour lui passer un coup de langue sur la tête, désireux de lui faire comprendre que tout allait bien, qu'il allait se faire aider. C'est alors que je vois un humain sortir de chez lui. Ayant peur, puisque Maman nous disait de s'en méfier, je m'éloignais rapidement, accompagné de ma sœur. Cachés derrière un pot de fleurs en pierre complètement gelé, nous regardâmes ce qui se passait. L'homme regarda l'état de mon frère coincé et se frotta les cheveux de ses mains gantées, faisant une petite grimace qui, je le voyais bien, semblait assez contrariée. Que s'apprêtait-il à faire ? Encore une fois, il examina mon frère pour, enfin, lui prendre le cou et le lui tordre rapidement.
Baissant les oreilles, j'entendis à peine de cri de douleur pousser par mon frère avant qu'il ne meurt sous mes yeux. L'humain, lui, le fixa en déclarant :
« Tu n'aurais pas pu survivre, petit. »
Tristes, ma sœur et moi ne montrions pas notre présence et firent demi-tour pour rejoindre notre ruelle. Là, notre mère attendait, ayant tout vu de la scène. Assise, elle bougeait frénétiquement la queue, signe qu'elle était énervée mais aussi déçue. Elle nous mordit l'oreille à tout deux en nous grognant dessus et la journée se termina ainsi.
_____________
Quelques mois plus tard, bien que nous gardions notre frère en mémoire, ma sœur et moi préférions passer près du caniveau où l'humain l'avait tué pour ensuite le décoincer. Cela nous le rappelait, ainsi nous ne pouvions que nous souvenir de lui. Maman, elle, restait toujours en retrait, accablée par le fait que nous ne soyons que de pauvres âmes en peine qui marchaient lentement, le ventre contre terre, à s'en vouloir pour la mort de notre frère. Beaucoup d'humains disaient que les animaux ne ressentaient pas les sentiments ni les émotions qu'ils possédaient, que nous n'étions que des bêtes qui ne pensaient qu'à survivre. Mais nous, au moins, nous nous battions avec les moyens du bord, utilisant notre intelligence pour chasser et non pour créer des choses destructrices !
Donc, une nouvelle fois près de ce caniveau, alors que l'été approchait rapidement, j'observais autour de moi. Les hommes et les femmes étaient tous de sortie, ne nous jetant aucun regard, nous ignorant pour continuer leur quotidien. C'est alors que j'aperçus la chatte blanche dehors, sur le même rebord de fenêtre où je l'avais vu en hiver. Elle regardait partout, observait, guettait, libre enfin de l'autre côté de la vitre. Elle était déjà adulte, sûrement le même âge que Maman. Nos regards se rencontrèrent alors et elle décida de quitter son perchoir pour venir en trottinant vers moi. En fait, de près, elle était très belle. Ses poils blancs étaient brillants et doux, ses yeux étaient d'un bleu ciel magnifique et elle semblait aussi gentille qu'aristocrate. Maman détestait les chats domestiques...
Une fois devant moi, elle me passa un coup de langue sur la tête. Je baisse mes oreilles sous la méfiance, la laissant tout de même faire. J'approchais de mon âge adulte alors pourquoi allais-je jouer ? Mais son geste me fit comprendre qu'elle savait pourquoi ma sœur et moi tournions autour de ce caniveau chaque jour. Triste à cette idée, je ne pus que m'approcher de cette chatte et de me coller doucement à ses poils, me couchant à même le sol pour ne plus trouver la force de me relever.
Ma sœur me rejoignit, s'asseyant plutôt à côté de la chatte blanche, ronronnant doucement. Au loin, j'ai vu ma mère nous regarder, assise à la sortie de notre ruelle...
Pourquoi tu n'as pas bougé ce jour-là ?
« Maman ! Maman ! Regardes les chats ! »
Une enfant avec sa mère s'approcha de nous. Dressant les oreilles, je me relevais avec méfiance pour reculer doucement, grognant. Ma sœur fit de même mais la chatte blanche resta sur place, posant son fessier à terre et se léchant la patte avant avec délice. La gamine s'intéressa davantage à ma sœur et elle fit quelques pas vers elle, approchant une main vers elle. Alors ma sœur lui asséna un coup de griffes et c'est alors que la mère de l'enfant porta un coup de pied contre elle. Elle vola alors quelques mètres plus loin, atterrissant lourdement sur le flanc. Me précipitant vers elle, je n'ai pas vu la chatte blanche cracher vers l'humaine et me suivre.
Près de ma sœur, je lui donna un léger coup de museau sur le sien pour voir si elle vivait encore. Sa respiration était lourde, quelques gouttes pourpres sortaient de ses narines.
Non... Pas toi...
Miaulant avec acharnement et mélancolie, je laissais la chatte blanche lécher ma sœur dont le ventre se gonflait de moins en moins au fur et à mesure que son cœur arrêtait de battre. Maman, elle, était toujours au même endroit. J'étais alors le seul de la portée... Partant en courant vers ma mère, la chatte blanche me barra le passage. Miaulant, j'essayais de comprendre ce qu'elle me voulait. C'est alors qu'elle me pris par la peau du cou, dans sa gueule, jeta un regard à ma Maman et m'emmena alors avec elle vers les maisons humaines.
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De la lumière. Il y a de la lumière qui me fait mal à travers mes paupières. J'ouvre doucement les yeux et les accommode au matin. Le sol est tout proche de mon menton, un ronronnement me fait dresser les oreilles juste à côté de moi. On se frotte contre moi. Je tourne la tête vers mon frère, qui est là, somnolant encore au côté de notre sœur. Cela faisait quelques mois que nous étions nés et Maman jouait souvent avec nous. Mais elle désertait très tôt le matin pour nous chercher à manger... C'est ce que je n'aimais pas. A chaque fois, je sentais le danger peser sur nous et je ne saurais protéger mon frère et ma sœur si un chien ou un énorme chat venait à trouver notre cachette dans les cartons.
Je miaule doucement, réveillant ainsi ma petite famille. Les deux dressèrent les oreilles et moi, de même, observait vers le bout de la ruelle. Là-bas, dans la petite ville, des humains marchaient. Certains étaient pressés à l'approche de Noël. Il faisait froid... Beaucoup de personnes avaient des paquets cadeau déjà dans les mains et ne savaient plus comment regarder devant eux. J'étire doucement mes pattes avant, vint en lécher un de ma langue râpeuse, la même que Maman, et je me lève. Encore un regard vers le bout de la ruelle et je donne un petit coup de museau dans le ventre de mon frère. J'espère qu'il ne va pas se précipiter vers les humains... Il a l'art de se retrouver dans des situations plutôt périlleuses mais c'est toujours Maman qui le sauve au bon moment. Elle nous a toujours fait comprendre que les hommes nous détestait parce qu'on était sauvage.
Ma sœur se réveille à son tour et nous nous assîmes sur la petite couverture improvisée faite avec un pull délavé et troué en laine. Notre regard baladait la ruelle.
Maman, où es-tu ?...
Une ombre se dessine à l'autre bout, là où notre refuge terminait en cul de sac. Nous nous mîmes à miauler, espérant que ce soit notre mère qui revenait avec une ou deux souris à nous mettre sous la dent. Nous étions encore trop petits pour partir à la chasse.
Mais l'ombre qui s'approchait était bien plus grosse que la stature de Maman et mon instinct me prévint qu'il y avait sûrement un danger. C'est pourquoi je me reculais dans la boîte en carton faisant notre logis et tira sur la queue de mon frère pour qu'il dise aussi à ma sœur de rentrer. Plus loin, un long miaulement sinistre nous firent dresser les oreilles, puis les baisser de peur. Sûrement l'un de ces grands mâles qui faisaient la loi, comme Maman nous l'avait appris. Et ils étaient dangereux avec les petits chatons comme nous, les prenant pour de simples repas.
Alors qu'on pensait vraiment mourir pour notre si jeune âge, un éclair noir et blanc passa juste devant nos yeux et le grognement de Maman se fit entendre. Le matou qui était venu troubler notre solitude se mit à miauler de mécontentement avant de se faire rapidement virer par la maîtresse des lieux. Lorsque nous fument seuls avec notre mère, nous nous élançâmes vers elle pour miauler de joie.
Tu nous as manqué Maman.
Un peu plus loin, elle avait lâché les deux petites souris qu'elle avait capturées pour nous et elle les ramena gentiment dans le carton pour qu'on puisse manger à notre faim.
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Quelques jours après cet épisode, un nouveau matin de décembre, alors que tous les humains s'étaient enfermés pour fêter Noël, Maman était encore partie à la chasse. Mon frère, le premier réveillé cette fois, miaula avant de s'élancer vers la grande place où, habituellement, les hommes se bousculaient pour acheter de quoi manger. Grognant contre son inconscience, je réveillais d'abord ma sœur avant de m'élancer à mon tour, regardant bien si elle me suivait. Nous fument alors trois chatons noir et blanc à vagabonder sur cette grande place de pavés que nous voyons pour la première fois depuis notre existence. Maman nous avait plusieurs fois interdit d'y aller. Mais mon frère n'en faisait toujours qu'à sa tête par moment... Donc, trois petits chatons affamés attendant leur mère, nous marchions à la conquête de n'importe quoi qui pourrait nous intéresser. Nos jeux pouvaient tourner parfois au vinaigre, c'était pour dire. Espérons simplement que, comme d'habitude, notre mère nous sauverait à temps. Nous comptions toujours sur elle.
Mes oreilles repèrent un bruit suspect non loin. Je lève les yeux vers une fenêtre. De l'autre côté de la vitre, un chat blanc avec un collier nous fixait, grattant sur le verre en miaulant doucement. Une femelle, oui. Je miaule à mon tour avant de voir qu'un humain l'avait alors doucement prise dans ses bras pour la retirer du rebord de fenêtre et l'emmener avec lui. Me retrouvant surpris par tant de douceur, je ne remarque pas tout de suite le miaulement désespéré de mon frère. Finalement, je tourne la tête vers lui et vit qu'il s'était coincé la patte dans un caniveau. Comment le sortir de là ?...
Maman, tu as toujours été là...
Le miaulement de mon frère devenait de plus en plus angoissant. Il avait vraiment mal. Je me suis précipité vers lui pour lui passer un coup de langue sur la tête, désireux de lui faire comprendre que tout allait bien, qu'il allait se faire aider. C'est alors que je vois un humain sortir de chez lui. Ayant peur, puisque Maman nous disait de s'en méfier, je m'éloignais rapidement, accompagné de ma sœur. Cachés derrière un pot de fleurs en pierre complètement gelé, nous regardâmes ce qui se passait. L'homme regarda l'état de mon frère coincé et se frotta les cheveux de ses mains gantées, faisant une petite grimace qui, je le voyais bien, semblait assez contrariée. Que s'apprêtait-il à faire ? Encore une fois, il examina mon frère pour, enfin, lui prendre le cou et le lui tordre rapidement.
Baissant les oreilles, j'entendis à peine de cri de douleur pousser par mon frère avant qu'il ne meurt sous mes yeux. L'humain, lui, le fixa en déclarant :
« Tu n'aurais pas pu survivre, petit. »
Tristes, ma sœur et moi ne montrions pas notre présence et firent demi-tour pour rejoindre notre ruelle. Là, notre mère attendait, ayant tout vu de la scène. Assise, elle bougeait frénétiquement la queue, signe qu'elle était énervée mais aussi déçue. Elle nous mordit l'oreille à tout deux en nous grognant dessus et la journée se termina ainsi.
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Quelques mois plus tard, bien que nous gardions notre frère en mémoire, ma sœur et moi préférions passer près du caniveau où l'humain l'avait tué pour ensuite le décoincer. Cela nous le rappelait, ainsi nous ne pouvions que nous souvenir de lui. Maman, elle, restait toujours en retrait, accablée par le fait que nous ne soyons que de pauvres âmes en peine qui marchaient lentement, le ventre contre terre, à s'en vouloir pour la mort de notre frère. Beaucoup d'humains disaient que les animaux ne ressentaient pas les sentiments ni les émotions qu'ils possédaient, que nous n'étions que des bêtes qui ne pensaient qu'à survivre. Mais nous, au moins, nous nous battions avec les moyens du bord, utilisant notre intelligence pour chasser et non pour créer des choses destructrices !
Donc, une nouvelle fois près de ce caniveau, alors que l'été approchait rapidement, j'observais autour de moi. Les hommes et les femmes étaient tous de sortie, ne nous jetant aucun regard, nous ignorant pour continuer leur quotidien. C'est alors que j'aperçus la chatte blanche dehors, sur le même rebord de fenêtre où je l'avais vu en hiver. Elle regardait partout, observait, guettait, libre enfin de l'autre côté de la vitre. Elle était déjà adulte, sûrement le même âge que Maman. Nos regards se rencontrèrent alors et elle décida de quitter son perchoir pour venir en trottinant vers moi. En fait, de près, elle était très belle. Ses poils blancs étaient brillants et doux, ses yeux étaient d'un bleu ciel magnifique et elle semblait aussi gentille qu'aristocrate. Maman détestait les chats domestiques...
Une fois devant moi, elle me passa un coup de langue sur la tête. Je baisse mes oreilles sous la méfiance, la laissant tout de même faire. J'approchais de mon âge adulte alors pourquoi allais-je jouer ? Mais son geste me fit comprendre qu'elle savait pourquoi ma sœur et moi tournions autour de ce caniveau chaque jour. Triste à cette idée, je ne pus que m'approcher de cette chatte et de me coller doucement à ses poils, me couchant à même le sol pour ne plus trouver la force de me relever.
Ma sœur me rejoignit, s'asseyant plutôt à côté de la chatte blanche, ronronnant doucement. Au loin, j'ai vu ma mère nous regarder, assise à la sortie de notre ruelle...
Pourquoi tu n'as pas bougé ce jour-là ?
« Maman ! Maman ! Regardes les chats ! »
Une enfant avec sa mère s'approcha de nous. Dressant les oreilles, je me relevais avec méfiance pour reculer doucement, grognant. Ma sœur fit de même mais la chatte blanche resta sur place, posant son fessier à terre et se léchant la patte avant avec délice. La gamine s'intéressa davantage à ma sœur et elle fit quelques pas vers elle, approchant une main vers elle. Alors ma sœur lui asséna un coup de griffes et c'est alors que la mère de l'enfant porta un coup de pied contre elle. Elle vola alors quelques mètres plus loin, atterrissant lourdement sur le flanc. Me précipitant vers elle, je n'ai pas vu la chatte blanche cracher vers l'humaine et me suivre.
Près de ma sœur, je lui donna un léger coup de museau sur le sien pour voir si elle vivait encore. Sa respiration était lourde, quelques gouttes pourpres sortaient de ses narines.
Non... Pas toi...
Miaulant avec acharnement et mélancolie, je laissais la chatte blanche lécher ma sœur dont le ventre se gonflait de moins en moins au fur et à mesure que son cœur arrêtait de battre. Maman, elle, était toujours au même endroit. J'étais alors le seul de la portée... Partant en courant vers ma mère, la chatte blanche me barra le passage. Miaulant, j'essayais de comprendre ce qu'elle me voulait. C'est alors qu'elle me pris par la peau du cou, dans sa gueule, jeta un regard à ma Maman et m'emmena alors avec elle vers les maisons humaines.
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